Sainte Famille, assemblage d’Anne Vassivière (2024)

Exposition au Festival L’art à la Perrière 18, 19 et 20 mai 2024

Les représentations de la Sainte Famille foisonnent. Elles sont souvent modèles et académiques, représentations d’un idéal normé. Cet assemblage en propose une image naïve faite d’éléments bruts du quotidien, comme le sont nos propres familles.

Les tuteurs d’osier, communs aux trois figures, ont été choisis pour afficher haut et fort leur fonction. Nous aussi sommes plantes aspirant à une élévation vers laquelle les rameaux tressés de l’amour et de l’amitié nous portent et nous guident. Souplesse et fragilité. Spirale.

Nœuds et cordes sont visibles, pourquoi cacher ce qui fait lien ? Nos vies ensembles, tissées de tout et de presque rien, sont à l’image de cette installation. Comme la fragilité de nos espoirs.

La forme a également été choisie pour son évocation de la tente au désert. Un lieu qui protège quand les temps sont difficiles et rappelle combien toute vie est fragile. Premier logement construit par les humains, refuge des années que Moïse passa avec le peuple hébreu qu’il venait de libérer d’Égypte. On y pénètre pieds nus, en humilité. Le cœur du foyer y pulse à l’abri des tempêtes extérieures. L’amour y est lové au plus profond de soi. 

Pour finir, ces cônes de bois sont autant de buissons ardents en puissance, cœurs rayonnants qui ne se consument pas puisque rien n’est impossible à l’amour.

La mère apparaît dans les cercles d’une souche coupée : elle en épouse la danse, son enfant présenté au monde sur ses genoux. Le contraste coloré entre bois d’été et bois de printemps en révèle les anneaux de croissance. Tendre duo aux visages d’or délicatement posé sur un croisillon de bois et pierres polies naturellement colorées. Derrière eux, un doux rempart de coton entrelacé et de plumes aux accents chauds. Pour couronner cette vision, sequins bleu nuit et images de Vierges du pays des volcans, Noires ou pas, toutes en majesté. Suspendue au destin qui veille pour une espèce entière, une corne de bouquetin, trouvée sur un chemin près d’un lac de cratère, nous berce d’abondance.

Le père, doigt sur la bouche, est grave et discret. Souche haute et solidement ancrée. Ceint d’une couronne presque tombée à terre, il attend patiemment que l’histoire s’écrive sur les carrés de papier qui la composent. Images pieuses et feuilles figées dans des dorures couleur terre l’accompagnent ; mais son fruit, l’enfant, restera à jamais vivant. Au-dessus de la figure du père/vigile muet et en forte présence, une discrète flamme de bois. On ne l’aperçoit pas au premier coup d’œil : elle demande une attention particulière, la rencontrer se mérite un peu. Comme Joseph. L’or ne s’éteint jamais, la prairie peut continuer de fleurir dans les bras du père aimant.

L’enfant niche au creux d’un vieux sabot, oisillon encore œuf. Lové dans une laine de mouton trouvée sur les flancs d’un volcan d’Auvergne, il dort sous la protection d’une pomme de pin saupoudrée d’or. Ses traits sont encore muets, argile brut prélevé dans une vallée sainte, près d’une source d’eau vive. Fort et fragile début d’existence. La tête d’un clou grossier dépasse du bois au-dessus de l’enfant, la promesse qui sera tenue s’étendra à l’humanité tout entière.

2 commentaires

  1. gmrvc dit :

    whaouhh c est super et le texte est magnifique. 🙏😇🙏👏👋

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    1. Fati dit :

      texte magnifique et l’image m’impressionne par sa beauté simple et profondément ancré dans la nature.

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