Vassivière est encore allée voir Galvan ?! Mais oui, puisque aucun spectacle n’est le même: 6 pièces cette saison, dont 3 créations.
Dans Israël et Mohamed, rencontre de deux cultures et du souvenir de deux pères qui n’ont, ni l’un ni l’autre, jamais accepté l’émancipation de leur fils. En commun, le football de l’enfance. Le danseur Israël Galvan et le metteur en scène Mohamed El Khatib alternent prises de parole ( émotion d’entendre Galvan communiquer avec des mots, lui qui est bègue et dont on n’entend d’habitude que le corps s’exprimer) et vidéos de leur pères respectifs regrettant en interview le parcours de leur progéniture. Incompréhension: l’un regrette qu’après avoir fait Science Po, Mohamed fasse du théâtre. L’autre souffre qu’Israël ait trahi les codes traditionnels du flamenco. Les anecdotes foisonnement, tristes ou drôles, le père de Mohamed le frappait, celui d’Israël crevait tous ses ballons de foot. Les situations truculentes font rire ou soupirer. Émotion de Mohamed, autodérision d’Israël. Bien qu’analphabète, le père Arabe avait une conscience politique, il voulait préserver son fils de la drogue et du travail aliénant de l’usine. Il ne comprend pas comment, ayant tout sacrifié pour ses enfants, il se retrouve avec un fils artiste. Le père Sévillan a proposé de l’argent à son fils pour qu’il revienne au « vrai » flamenco, qu’il concoure pour des prix de flamenco traditionnel. Sur les autels aux pères installés sur le plateau, chacun fait ses offrandes. Et Israël danse avec les babouches de monsieur El Khatib, puis avec des chaussures de foot à crampons sur du gravier. Recherche, symbole et humour toujours.
Déclaration d’amour filial malgré tout. Les pères ont fait ce qu’ils ont pu avec ce qu’ils étaient et ce qu’étaient les circonstances. Le public repart avec les questions sur sa propre relation avec son père.
Jusqu’au 20 décembre au Théâtre des Abbesses. Puis à Évry, au Havre, à Douai, au théâtre national de Bretagne, à Genève puis à Nantes.


